Alimentation, santé globale

Des circuits de l’axe intestin-nerf vague-cerveau distincts, permettant le renforcement positif pour le gras et le sucre, se combinent pour favoriser la suralimentation

La nourriture elle-même est un puissant régulateur naturel de nos décisions alimentaires. Des chercheurs français et américains apportent un nouvel éclairage sur les circuits sensoriels complexes qui interviennent dans les comportements de motivation face aux aliments gras et sucrés. Leurs travaux suggèrent qu'une consommation conjointe d’aliments gras et salés, du fait de circuits neuronaux distincts potentiellement additifs, peut inciter à consommer plus, entravant ainsi les efforts conscients pour suivre un régime.

Publié le 12 mars 2024

illustration Des circuits de l’axe intestin-nerf vague-cerveau distincts, permettant le renforcement positif pour le gras et le sucre, se combinent pour favoriser la suralimentation
© INRAE

Même s’il est admis que le nerf vague transmet les signaux sensoriels internes de l'intestin au cerveau, informant sur la valeur nutritionnelle des aliments consommés, les bases cellulaires et moléculaires de la réponse du circuit de récompense spécifique aux macronutriments sont mal comprises. Les chercheurs ont voulu savoir si les mécanismes de détection des graisses et des sucres par le nerf vague sont dissociés et quelles en sont les conséquences au niveau du circuit de la récompense.

A l’aide de l’imagerie, les scientifiques ont examiné in vivo les mécanismes cellulaires liés aux réponses post-ingestives des graisses et des sucres et ont montré que le gras et le sucre activent des sous-groupes spatialement distincts de neurones du nerf vague.

La stimulation spécifique de ces fibres a permis d'évaluer le rôle de chaque voie sensorielle dans le comportement de motivation. Ainsi, la détection post-ingestive séparée des graisses et des sucres génère une libération de dopamine dans le striatum, à l’origine d’une récompense spécifique à chaque macronutriment. Fait notable, l'activation combinée de ces deux circuits, dans le cadre d’une ingestion extemporanée d’aliments gras et sucrés exerce un effet additif avéré par une consommation induite bien supérieure, même à apports caloriques équivalents.

Ces travaux apportent un nouvel éclairage sur les circuits sensoriels complexes qui interviennent dans les comportements de motivation face aux aliments gras et sucrés. Ils rappellent l’existence d’interactions entre les nutriments et mettent en exergue l’existence d’effets physiologiques complexes pouvant annihiler les efforts conscients pour suivre un régime.

Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour comprendre les mécanismes sous-jacents à la suralimentation et à l'obésité.

Référence : https://doi.org/10.1016/j.cmet.2023.12.014

Contacts

Vincent PailléPHAN

Le département

En savoir plus

Alimentation, santé globale

Quel est l’impact du transfert du microbiote maternel sur la santé de l’enfant en particulier sur le risque d’obésité ?

L’alimentation de la mère et son état métabolique influencent la santé future de l’enfant selon le concept de l’origine développementale de la santé et des maladies. Confirmés par de nombreuses études expérimentales et sur nombre de pathologies, les évènements survenant pendant les 1000 premiers jours de vie de l’individu influencent son devenir. Le microbiote est un nouvel acteur incontournable et pose la question fondamentale de l’impact du transfert du microbiote maternel sur la santé de l’enfant. Une étude menée par l’UMR Phan (INRAE / Nantes Université) montre qu’un microbiote lié à l’obésité de la mère transmis en début de vie favorise chez le petit, un comportement alimentaire qui le conduirait à un excès de consommation.

09 novembre 2022

Alimentation, santé globale

L’association entre l’obésité de l’enfant et l’exposition prénatale aux polluants environnementaux pourrait dépendre du statut nutritionnel de la mère

L’exposition prénatale aux polluants organiques persistants pourrait contribuer au développement de l’obésité infantile et aux troubles métaboliques. Une étude récente, associant INRAE et l’Institut de santé globale (ISGlobal), un centre de recherche de référence sur l’exposome périnatal, suggère que le statut nutritionnel de la mère pendant la grossesse pourrait moduler ces effets.

07 juillet 2023